Foyer Rural de Verrines

À la croisée des initiatives

Poèmes des adultes 2014

16 avril 2020

 

Ces textes ont été écrits par les membres de l’atelier d’écriture du Foyer rural de Verrines: “Les Écrits de la Belle”.

Ils ont été réalisés au cours de séances d’écriture sur le thème de l’art.

En hommage à la mémoire de Guy Griffault, poète et coanimateur de l’atelier d’écriture, nous avons intégré dans notre choix des poèmes écrits en 2010 lors d’un atelier qu’il avait dirigé autour du lien peinture et poésie. Braque, Magritte, Chagall, Picasso, Miro et bien d’autres, ont alors inspiré nos écrits.

Les poèmes datés de 2014 ont été écrits lors d’ateliers animés par Huguette Quintreau et Jean Meloche sur le thème du Printemps des poètes: “La poésie au cœur des arts”. La peinture y est encore à l’honneur.

Notre objectif est de contribuer à l’essor poétique de notre ville, en lien avec la Municipalité et tous les partenaires, scolaires ou associatifs.

Agréable promenade dans nos mots.

Huguette Quintreau, coordinatrice de la poésie celloise


Panneau double face – Mairie


 

Quand un tableau devient poème


Quand je l’ai connu

je suis devenue reine de l’Olympe.

Il m’avait tout promis…

Les jardins suspendus de Babylone.

Le colosse de Rhodes.

Le phare d’Alexandrie.

Les pyramides et leur royauté.

Le temple de Diane à Éphèse.

Le Zeus de Phidias.

Le mausolée d’Halicarnasse…

J’étais la huitième merveille du monde

Je flottais sur les ailes d’Apollon.

Je savourais l’ambroisie.

J’étais déesse.

Mais autant en emporta le vent

le vent qui balance doucement

les palmes de ma mélancolie

le vent qui entretient

la flamme du rêve.

Guy – 2010


Chut

La guitare dort.

Le roi

n’écoutera pas

la musique.

Ce soir

il regardera

la lune.

Guy – 2010


Les cubes

Des cubes.

Des centaines de cubes.

Des milliers de cubes

ont germé dans la vallée.

Alignés et serrés

comme des soldats de plomb

sur des lignes en désordre.

Des cubes qui fument.

Des cubes qui boivent

mangent, chantent et dansent.

Des cubes hilares.

Des cubes austères.

Des cubes en dentelle.

Des cubes en costume

trois pièces.

Des cubes plantureux.

Des cubes besogneux.

Esprit grégaire,

ils se sont agglutinés

autour de la cathédrale.

Il faut de tout pour faire

une ville.

Guy – 2010


Femme rêvant

Il rêve qu’il est dans son rêve

Son rêve à elle

Et qu’il la rêve

D’où un certain degré d’abstraction

Encore que les courbes dont il rêve

Soient très suggestives

Et bien à elle

Dans son rêve

Elle ondule

Elle se cambre

Elle danse et l’entraîne

En un tourbillon voluptueux

Leurs corps se frôlent

Se provoquent

S’éloignent

Se rapprochent

S’enlacent et se mêlent

Et vient le moment où

La tête se renverse

Elle crie

Elle crie

Et son rêve à lui

Dans son rêve à elle

Se disloque et s’éparpille

S’évapore en courbes sensuelles et colorées

Que maintenant sa main étonnée

Trace sur la feuille

Comme dans un rêve.

Jean – 2010


 Aux confins du néant

N’as-tu rien dans la tête?

disait la mère d’un ton sévère

Si, j’ai un petit nuage blanc

répondait en souriant l’enfant.

C’était son excuse, sa fuite

le calice de son existence

pour échapper à la rudesse du monde

la beauté cristalline de son innocence

pour éclairer sa route

la coupe de sa vie

pour y voir son bonheur

Merci petit nuage blanc !

Sabine – 2010


Ton visage n’est pas le ciel

Mais il en est le bleu rivage

Couleur de rêve et de soleil

Bouquet énorme de mariage

Achem – 2010


Dans une douce langueur

La tête s’est renversée

Comme elle s’est renversée

Sensuelle au mystère de la procréation

Son corps alourdi s’épanouit

En volutes et volumes extensibles

Ses mains protectrices et caressantes

Dévoilent une rondeur palpitante et feutrée

Elle se laisse aller déjà à ses désirs siens

Je veux que tu, non tu seras ce que tu…

Elle enlace dans les limbes le présent et le futur

Un murmure d’abandon se glisse entre ses lèvres

Elle rêve d’être mère

Maryline – 2010


Pour vous je ne suis que des traits

Certes bien crayonnés sur du papier

De moi vous ne saurez rien

Du moins rien que je ne puisse vous expliquer

Je suis trop lisse, sans reflet, sans expression

Et je ne soulèverai pas mon chapeau

Mais moi je vous regarde

Je vous devine

Je vous transperce

Je vous sonde

Je peux même vous mettre à nu

Rien qu’en regardant votre visage

Car vous

Vous n’êtes pas lisses

Avec vos rides et vos yeux

Qui voudraient tout savoir

Mais savoir quoi?

Ah! ce qu’il y a sous mon chapeau?

Maryline – 2010


Le passage

Sirène sur son rocher elle rêve.

Plonger sous l’eau et regarder le monde à l’envers.

Là-haut le couvercle de la surface

Miroir transparent sans frontière.

Ici les poissons colorés qui ondulent

Et fuient comme une nappe qui se soulève,

Et la houle qui arrache au fond de sable

Les algues vivantes rejetées sur la plage.

Un passage facile d’un monde à un autre

Comme une porte entrouverte entre deux univers.

Monique – 2010


La femme qui pleure

Femme au cœur brisé, tu cries ta douleur!

Les couleurs du passé ont déteint sur ton visage

Et l’avenir t’apparaît tel un champ de désolation

Femme au cœur brisé devenue arc-en-ciel

Sauras-tu garder un dernier élan de coquetterie

Une fleur à ton chapeau?

Catherine – 2010


Arabesques

De la terre au ciel

en quelques courbes épurées

ligne de visage

ligne de corps

ligne de vie

s’enlacent dans un trichrome sensuel.

L’œil clos et rêveur

la pensée se transforme

en un pas de deux effréné

où deux corps cambrés ondulent.

Serrés, vivants, animés

par le rythme des trémolos

les arabesques libertines

s’élancent dans un tango intemporel.

Sabine – 2010


Le jongleur bleu de Picasso

Saltimbanque amaigri

À la tête inclinée

Tu rêves d’un monde meilleur

Ou simplement tu humes

L’instant présent avec résignation.

Pourquoi cette couleur triste?

As-tu froid dans la crainte

De perdre ta vie ce jour?

Et si c’était le bleu de l’air méditerranéen

Qui a déteint sur la toile?

Viens, sors de là, le soleil brille

Ouvre tes yeux juvéniles

Et souris, la magie t’appartient.

Monique – 2014


Effet d’équilibre dans cet enchevêtrement désorganisé

Réveil et bouillonnement d’une terre ensoleillée

L’œil du visionnaire regarde l’univers

L’univers, une explosion de formes et de couleurs

De pleins et de déliés

De flèches directionnelles et de signes divers

Étoiles et lunes flottent dans le cosmos

Animées par des couleurs franches

Bleu du ciel, noir de la nuit, rouge sang

Fusion de l’homme et de l’univers

L’homme au cœur de l’univers

L’Homme au cœur de l’art.

Catherine – 2014


 

Autres mots autour de l’art et de la couleur


La poésie

C’est comme un sésame

Une fenêtre ouverte sur l’infini

Une respiration des âmes

Marie – 2014


En art

j’aime ne pas savoir

afin de continuer

à chercher

Achem – 2014


C’est quoi la peinture?

L’art de croquer les figures?

De détremper les couleurs

Pour maroufler ses peurs?

Neutraliser ses douleurs,

Esquisser un ailleurs

Où les couleurs primaires

Se mêlent aux secondaires

Pour modeler un nouvel horizon,

Mettre en trompe-l’œil toutes nos émotions.

Rosca – 2014


Il avait dit

les arts

mais elle avait compris

lézard

lui, parlait d’aquarelles

mais elle,

l’avait vu rentrer le lézard

il était quelque part

dans la cuisine

elle le poursuivait

avec son balai

lui continuait d’écouter

France Culture

jamais plus

ils ne se rencontraient

Achem – 2014


Mon cher carmin

Dit Carmen en rougissant

Vous n’êtes ni mon père

Ni mon frère

Ni mon mari

Ni mon amant

Mais je vous aime quand même

Jean – 2014


Coquelicots et trèfles incarnats

Ondulent sous le soleil rouge

Rouge-gorge se gorge de cerises rouges

Sous le cerisier il ne reste que

Noyaux, queues et feuilles rouges.

Christiane – 2014


Le pêcheur de corail

plonge dans la Mer Rouge

Tableau improbable

Alizarine et garance

Christiane – 2014


À perte de vue

Un champ de blé

Je ne vois que toi

Unique coquelicot

Christine – 2014


C’est quoi ce bleu?

Une base de camaïeu,

Avec plusieurs nuances de bleu.

Mais ça sert à quoi tant de bleu?

Tu y vois ce que tu veux,

Avec ou sans tes yeux.

Après tout le bleu,

C’est aussi la couleur des cieux…

Mais le peintre, il n’exagère pas un tout petit peu,

De vendre si cher une tache bleue?

Est-ce qu’il croit que c’est un jeu,

Est-il si malicieux

Qu’il nous prend pour des mafieux

Si vieux,

Si hideux,

Si sirupeux,

Qu’il peut,

S’il veut,

Transformer l’espoir en spiritueux !

Rosca – 2014


La peinture

La peinture,

cette grande dame

tantôt figurative

tantôt naïve

tantôt abstraite

a su, par la maîtrise de ses styles

telle une fée

s’incarner en une multitude d’approches

pour se laisser subtilement interpréter

Une émanation harmonieuse

entre le fond, la forme

et la technique picturale

engendre

une sorte d’eurythmie

qui m’invite

à contempler

à visiter

pour qu’à l’issue de mon investigation

je devienne

la favorite

la secrète et mystérieuse visiteuse

celle qui butine et fait frémir

“La forêt de hêtres” de Klimt

ou “Les baigneuses” de Cézanne

Marie-Gérardine – 2014


Pour faire le portrait de ton aimé

pas besoin d’un chevalet

d’une palette, d’une toile

pas la peine d’être une huile

ni célèbre impressionniste

Laisse-toi impressionner

par le clair-obscur romantique

d’une balade dans le champ chromatique

sous un arc-en-ciel de pastel

Et dans le dégradé du bleu de ses yeux

vois la patine du temps qui passe

qui colore tes joues en rouge-feu

mets une touche de jaune d’or au fond de tes yeux

et peins le ciel en un tableau infiniment bleu

Avec l’esquisse d’un sourire

Trempe ta plume dans la couleur du bonheur

ou dans l’encre sympathique

Croque la vie, légère et belle

comme une aquarelle.

Marie – 2014

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